Moulins et meuniers d'autrefois
Les différents types de moulins :
En 1809, on comptait dans le Morbihan 1883 moulins, ce qui faisait plus de 7 moulins par communes.
Il y avait 3 types de Moulins:
_ Les moulins à eau douce, les plus nombreux, et les plus anciens (inventés par les Romains avant notre ère). Ils sont apparus en Bretagne au IX ème, siècle.
Le Moulin de Pen Mur à Muzillac
_ Les moulins à marée, datant du XIème,siècle, on en dénombrait une cinquantaine dans le Morbihan, la plus grande concentration probablement de toute l'Europe, autorisée par les multiples rias de la côte. En général, ils ne fonctionnent qu'à marée descendante, soit 2 fois par 24 heures. Il leur faut une marée à coefficient supérieur à 60. Ils sont donc en chômage technique 11 à 12 jours par mois, et pour cela souvent couplés avec un moulin à vent (Kériolet, le Moustoir).
Le Moulin du Berno sur l'Ile d'Arz
_ Les moulins à vent, 26% du total, inventés en Espagne au X ème, siècle, ils ne viennent en Bretagne qu'à la fin du XII ème, siècle et sont surtout concentrés dans la zone côtière.
En Bretagne, il y avait principalement des moulins-tours à "petit pied" ou à encorbellement. Le toit, conique, auquel étaient fixées les ailes pouvait pivoter pour les orienter au vent grâce à un rail en bois circulaire (ou chemin). Une guivre ou queue, longue pièce de bois qui prolongeait la charpente jusqu'à terre, pouvait être calée entre des pierres (on voit toujours un cercle empierré autour du moulin de Kerhern). A Crac'h, il y avait 4 moulins à vent à Kerveurrh ; Kermarquer ; Kerivin ; Kerhern le seul encore visible et 4 moulins à marée aux étangs marins de Poulben, du Plessis, du Roch-Du et de Béquerel, tous à peu près disparus !
Le Moulin de St Jacut Les Pins
Fonctionnement interne (principe) :
Par l'intermédiaire de roues et d'engrenages, le grain est écrasé entre 2 meules horizontales:
Une supérieure mobile (la courante),
Une inférieure immobile (la dormante),
Chaque meule pesait environ une tonne.
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Moulins banaux et meuniers sous l'ancien Régime:
Le moulin appartenait le plus souvent à un Seigneur (ou à une congrégation religieuse) et faisait partie d'une circonscription seigneuriale ou ban d'un rayon d'environ une lieue (4 km). C'était la "banlieue" où chaque récoltant était obligé de porter son grain au moulin "banal".
Pour cela un droit de "moute" était du au Seigneur et en plus le meunier recevait pour son travail 1/16 ème,du poids du grain porté à moudre.
Le meunier payait un loyer au Seigneur (souvent assez conséquent) mais s'en tirait en général assez bien car il pouvait avec le grain élever de la volaille et des porcs. Pour les moulins à eau, il jouissait souvent d'un droit de pêche dans l'étang de retenue.
Le meunier jouait un rôle très important dans la vie rurale du Moyen-Age ; on le jalousait et on l'accusait souvent de malhonnêteté à tort ou à raison, mais il avait une fonction difficile d'intermédiaire entre le seigneur et le paysan.
Etat actuel des moulins dans le Morbihan :
Les moulins à vent ont le plus souffert du temps :
En 1989, 171 étaient encore visibles sur 515 recensés.
Les moulins à eau ont été mieux conservés :
En 1990, on pouvait noter que 30% d'entre eux avaient disparu, 25% étaient ruinés, 10% perdus en pleine campagne sans affectation, 15% transformés en crêperies, restaurants, brocantes, 17% en résidences (dont 12% principales et 5% secondaires), 3% tournaient encore (2% produisaient de la farine et 1% des aliments pour le bétail).
Le 10 juillet 2004
Michel Grisard.